Faut-il, oui ou non, compter les calories ? Voilà un grand débat qui a élu domicile dans mon esprit depuis quelque temps. Je me suis beaucoup demandé si je devais faire apparaître le détail nutritionnel et calorique de mes recettes ou non. Si cela n’allait pas à contre-sens de ce que suppose le titre du site, à savoir une alimentation « intuitive ». Finalement, j’ai pensé que ce serait le sujet idéal pour le premier article de ce site, afin de poser les bases ! Alors voici quelques éléments de réponses qui, attention, ne reflètent que mon avis.
Faut-il compter les calories ? Oui, pourquoi ?
C’est avant tout un point de repèrepour beaucoup de personnes. Aujourd’hui on est complètement déconnectés de notre alimentation. On ne connait pas le poids calorique des aliments, on ne sait pas comment poussent les légumes qui atterrissent dans notre assiette, on ne différencie pas les saisonnalités des fruits et légumes, on oublie que la viande est un morceau d’animal. En fin de compte, on ne connait pas vraiment ce que l’on mange, que ce soit son origine, son mode de fabrication, sa composition nutritionnelle.
Alors, lorsque l’on veut « réapprendre » à manger « bien », compter les calories peut être un point de repère et parfois un bon point de départ pour modifier son alimentation en apprenant à reconnaître le profil calorique des aliments.
Cela peut donc être une première étape vers une alimentation plus intuitive. Avant d’écouter son corps et ses signaux de faim, il est bon d’avoir quelques connaissances théoriques.
C’est également l’occasion de confronter quelques croyances. De se rendre compte, parfois, que certains aliments perçus comme « mauvais » ou à éviter ne sont finalement pas si difficiles à intégrer dans une alimentation équilibrée. Et que d’autres aliments, perçus comme « sains » ne doivent pas pour autant être consommés à volonté sans s’écouter. En effet, aucun aliment n’est bon ou mauvais par nature, c’est avant tout la quantité, la fréquence et l’équilibre global qui comptent.
Faut-il compter les calories ? Non, pourquoi ?
Je suis, pour ma part, plutôt contre l’idée de compter les calories. Et ce pour plusieurs raisons. Compter les calories reflète beaucoup la stratégie des régimes : on se fie à des chiffres plutôt qu’à nos sensations. Pire, on se fie aux calories plutôt qu’aux nutriments. Et pourtant ! Un goûter à 100kcal qui ne provient que de biscuits sucrés sera bien moins intéressant, nutritionnellement, qu’un goûter à 100kcal issues d’une tranche de pain avec un peu de fromage. En comptant les calories on oublie l’essentiel : une alimentation saine est une alimentation nutritivement intéressante, ce n’est pas qu’une histoire de calories.
Ensuite, compter les calories aura de grandes chances d’impliquer une forme de restriction. Car, pour ne pas dépasser nos besoins caloriques, on sera dans l’obligation de faire des choix et parfois supprimer ou restreindre des envies.
Or, qui dit restriction dit frustration, et qui dit frustration dit craquages. C’est toute la logique problématique et involontaire des régimes. En faisant cela on brouille totalement notre réceptivité aux signaux qu’envoie notre corps. Un cercle vicieux qui rend l’apprentissage d’une « bonne alimentation » encore plus difficile. Car ce circuit restriction-frustration-craquage est décourageant et perturbant.
Il peut, par ailleurs, fragiliser des personnes qui se sentent déjà vulnérables sur le plan de la confiance et de l’image de soi. On peut donc penser que cette stratégie de comptage, bien innocente de prime abord, pourra dans certains cas découler lentement et insidieusement vers des troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, hyperphagie).
En conclusion
Voilà pourquoi le comptage des calories est un sujet épineux. Il paraît bien anodin de prime abord, mais en se penchant un peu plus dessus on s’aperçoit qu’il révèle des incidences psychologiques et comportementales non négligeables.
Il n’y a pas de vérité absolue en la matière et c’est davantage du cas par cas. Si le comptage des calories peut s’avérer parfois utile et bénéfique, il devrait dans tous les cas rester temporaire pour ensuite faire place à l’écoute de ses sensations alimentaires (faim, envies, rassasiement).
J’encourage donc tout le monde à prendre en compte les calories avec beaucoup de recul et à comprendre qu’il ne s’agit que d’un élément finalement peu représentatif de ce qu’est une alimentation saine pour le corps et pour l’esprit.
Marine Boni, diététicienne-nutritionniste à Nantes
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